On croit souvent que la vie ne nous surprendra plus après un certain âge. À 45 ans, je ne m’attendais pas à devenir belle-mère — encore moins d’une jeune femme comme Véronika. En épousant Oleg il y a dix ans, j’ai aussi fait le choix d’accueillir sa fille dans ma vie.
À l’époque, Véronika avait treize ans : brillante, obstinée et parfois difficile. Mais j’ai tout fait pour qu’elle se sente aimée. Les années ont été faites de hauts et de bas, mais je suis toujours restée présente pour elle.
À 23 ans, Véronika était devenue une femme ambitieuse, pleine de projets — et, il faut le dire, un peu trop habituée à ce qu’on cède à ses caprices. Oleg et moi l’avons soutenue autant que possible : nous avons payé ses études, et lorsqu’elle a planifié le mariage de ses rêves, nous avons sorti le grand jeu.
La cérémonie, organisée dans un vignoble idyllique, était tout droit sortie d’un conte de fées : guirlandes lumineuses, fleurs somptueuses, invités ravis. Un moment magique. Et pour parfaire le tout, nous avons décidé de leur offrir une lune de miel inoubliable.
Après des semaines de recherches minutieuses, nous avons réservé une luxueuse villa en République dominicaine : piscine privée, vue sur l’océan, services haut de gamme. C’était bien au-delà de notre budget, mais nous voulions que ce départ dans la vie conjugale soit exceptionnel.
Le matin de leur arrivée, alors que je savourais un café tranquille, mon téléphone sonna. C’était Véronika.
— Bonjour ma chérie ! Alors, comment est votre petit coin de paradis ?
Mais sa voix était sèche, contrariée.
— Papa est là ? Mets-moi en haut-parleur.
Je lançai le haut-parleur. Oleg leva un sourcil.
— Quelque chose ne va pas ? demanda-t-il.
— Tout va mal, répliqua-t-elle. Cette villa est minuscule !
Oleg, surpris, répondit :
— Mais elle fait plus de 800 mètres carrés !
— Justement, juste ça ! On s’attendait à quelque chose de plus… grandiose. Et la piscine ? Trop petite pour nager !
Oleg se crispa. Je lui pris la main pour le calmer.
— Et la plage est à CINQ minutes à pied ! Franchement, c’est limite irrespectueux. Vous n’avez rien trouvé de mieux ? C’est à croire que vous avez été radins…
Ce fut la phrase de trop.
Oleg tapa du poing sur la table :
— Radins ? Tu réalises combien nous avons dépensé pour ton mariage et ce voyage ?
— Peu importe, lança-t-elle, blasée. Vous ne comprendrez jamais.
Et elle raccrocha.
Oleg, furieux, se leva et fit les cent pas. J’inspirai profondément.
— J’ai une idée, soufflai-je.
— Quelle idée ? demanda-t-il, méfiant.
— Si elle pense qu’on est radins… faisons-lui découvrir ce que ça signifie vraiment.
Je contactai la réception de la villa :
— Bonjour, ici Marina. Je souhaite annuler le reste de la réservation et la remplacer par une formule plus simple. La moins chère possible. Pas de piscine, pas de vue mer, rien de luxe. Une chambre standard suffira.
Quelques heures plus tard, la réception nous confirma le changement.
Le téléphone sonna peu après : Véronika, paniquée.
— Qu’est-ce que c’est que cette histoire de changement de chambre ?! C’est une blague ?!
— Non, répondis-je calmement. Tu trouvais la villa radine, alors on a pensé qu’une vraie solution économique conviendrait mieux.
— C’est un cauchemar ! cria-t-elle.
— Peut-être que maintenant, tu comprendras la valeur de ce qu’on t’avait offert.
Oleg conclut, d’un ton ferme :
— Véronika, nous t’avons tout donné. Il est temps que tu apprennes la reconnaissance.
Elle resta silencieuse un instant, puis murmura :
— Vous avez ruiné ma lune de miel…
— Non, c’est toi qui l’as fait, répondis-je.
Une semaine plus tard, elle nous rappela. Cette fois, sa voix était plus douce.
— Papa, Marina… je suis désolée. J’ai été ingrate.
— Un peu, oui, dit Oleg avec un demi-sourire.
— Promis, je ferai mieux.
Je souris à mon tour.
— C’est tout ce qu’on attendait.
Moralité ? Parfois, il faut une petite leçon de réalité pour apprendre à apprécier ce qu’on a. La gratitude ne s’impose pas — elle se cultive.
Tu veux que je le reformule encore différemment, ou tu veux une version anglaise aussi ?